Dans les abribus de la STM (Société des transports de Montréal) des affiches qui suscitent la curiosité

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Raluca Tomulescu m’a interrogée sur une affiche que l’on voit depuis cet été sur certains abris de bus de Montréal et probablement depuis quelques années à cette même période: « Accueillons le Mashiach avec des actes de bonté et bienfaisance » (voir photo en lien). Précisons que « Mashiach » est le terme hébraique pour désigner le messie….

Pour lire cet article paru dans l’édition du 28.08.2015 dans le journal en ligne « Journaldesvoisins« , vous pouvez cliquer sur le lien ou lire l’article dans son intégralité ci dessous :

« Dans les abribus de la STM(Société des transports de Montréal ndr) des affiches qui suscitent la curiosité

Une affiche située dans un abribus de la rue Saint-Hubert, à proximité de la rue Sauvé, attire l’attention. (Photo : Raluca Tomulescu).  De curieuses affiches décorent certains abribus de Montréal depuis la mi-juin 2015. On y voit le visage d’un homme âgé à la barbe blanche. Au bas de la photo, trois lignes de texte : « Accueillons le Mashiach avec des actes de bonté et bienfaisance ». Intrigué par la signification de ce message, votre journal communautaire a cherché à en savoir plus.

L’homme qui est représenté est Menahem Mendel Schneerson, mieux connu comme le Rabbi de Loubavitch – ou Rebbe, sur l’affiche.

« Il s’agit de la figure emblématique du mouvement Habad-Loubavitch, un des groupes principaux du hassidisme d’aujourd’hui, explique une sociologue du judaïsme contemporain, Sonia Sarah Lipsyc. Il est décédé aujourd’hui, mais c’est un personnage charismatique qui a énormément marqué le mouvement et la communauté juive en général », ajoute-t-elle.

Le Rabbi Zushe Silberstein, directeur du centre Chabad Chabanel situé dans Ahuntsic–Cartierville, est à l’origine de la campagne. Il nous éclaire sur ses fondements : « C’est un appel universel à des actions de bienfaisance individuelles et concrètes pour arriver à être de meilleures personnes. Par exemple, on peut aider quelqu’un à porter un lourd paquet, rendre visite à un ami malade, faire un sourire à quelqu’un dans la rue », précise-t-il. Selon lui, d e tels « petits gestes » ont un « effet global» et peuvent « transformer le monde ».

« Coup de pouce »

En ce moment, une centaine d’abribus affichent le « message du Rebbe » aux quatre coins de Montréal. Zushe Silberstein renouvelle sa campagne régulièrement depuis 2010, et ce n’est pas anodin. « En 1991, le Rabbi de Loubavitch a annoncé que nous nous dirigions vers la rédemption de l’humanité. À ce moment-là, ce sera la paix absolue. Finies les guerres, les famines, les souffrances. Cette campagne, c’est en quelque sorte un coup de pouce pour y arriver », indique-t-il.

L’affiche invite effectivement à « accueillir le Mashiach », ou Messie. Sonia Sarah Lipsyc nous donne plus de détails : « Selon la philosophie juive, Dieu a créé un monde volontairement imparfait pour donner le mérite à l’être humain de le perfectionner. Le peuple juif prend cette mission à cœur. Le résultat des actions de bienfaisance permet la venue d’un Messie ou un temps messianique », dit-elle. Et cela ne correspond pas à la fin des temps. « Il s’agit d’un moment utopique où les conflits seront apaisés, mais le monde continue de tourner », souligne-t-elle.

 Comme une publicité

Certains questionneront peut-être le but de la Société de transport de Montréal (STM) lorsqu’elle affiche ces annonces de nature religieuse. Toute affiche est en fait soumise aux mêmes règles que les publicités. « En vertu d’une entente entre Trangesco, la filiale commerciale de la STM, et Québecor Média Affichage, qui gère la publicité sur les abribus, ce dernier se doit de respecter le Code canadien des normes de la publicité ainsi que les normes de l’Office de la langue française », nous indique par courriel la conseillère corporative aux affaires publiques de la STM, Amélie Régis.

Après s’être assurée que l’affiche ne faisait pas preuve de discrimination, n’encourageait pas la violence ni ne minait la dignité humaine (article 14 du code), elle nous a informé que « l’affiche respecte le Code canadien des normes de la publicité ».

Selon Sonia Sarah Lipsyc, le message, destiné à toutes les communautés, se veut inclusif. « Inciter les gens à faire le bien, c’est bien, non? », lance-t-elle. (Par Raluca Tomulescu)

Pour en savoir plus…Le centre communautaire Chabad Chabanel vise à subvenir aux besoins des commerçants juifs du quartier. Ils peuvent s’y rendre pour prier, suivre des cours ou manger Cacher. Il est l’une des 4000 institutions que compte le mouvement Habad-Loubavitch à travers le monde. »

 Raluca Tomulescu

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Dr Sonia Sarah Lipsyc

Sonia Sarah Lipsyc est directrice de ALEPH,le Centre d’Études Juives Contemporaines de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ), depuis sa création en 2009. Docteur en Sociologie, Sonia Sarah Lipsyc est également auteure, chercheure, enseignante et dramaturge. Elle est chercheure associé à l'Institut d'Études Juives Canadienne de l'Université Concordia (Montréal). Elle a créée, en 2012, une unité de Recherches au sein de ALEPH sur «Judaïsmes et Questions de Société» ainsi qu'un site de ressources sur ces thématiques (http://judaismes.canalblog.com). Elle a notamment écrit "Salomon Mikhoëls ou le testament d'un acteur juif" (2002) et dirigé la publication de Femmes et judaïsme aujourd’hui, In Press (2008). «Eve des limbes revenue ou l'interview exclusive de la première femme (ou presque) de l'humanité» a été mise en ondes sur France Culture (2011) et mise en espace en anglais à l'Université de Brandeis (Boston) en 2012. Sa dernière mise en scène, «Sauver un être, sauver une monde» a été représentée devant des centaines d'élèves du secondaire à Montréal. Elle a participé à plus de cinquante émissions de télévision sur le judaisme (France 2, Chaine Histoire). En 2011, elle a reçu le Prix d’excellence enéducation juive de la Fondation Samuel et Brenda Gewurz de la BJEC (Bronfman Jewish Education Center).