Apprendre l’hébreu par des jeux de mots et… en souriant !

ENTRETIEN AVEC DANIEL KENIGSBERG PAR SONIA SARAH LIPSYC

Daniel Kenigsberg

Dr Sonia Sarah Lipsyc

Sonia Sarah Lipsyc

Daniel Kenigsberg est comédien et vit à Paris. Son parcours artistique, autant au théâtre, au cinéma qu’à la radio est des plus créatifs. Depuis quarante ans sur les planches, il a aussi tourné récemment sous la direction de Christian Duguay dans « Un sac de billes » et pour la télévision avec Serge Moati, « De Gaulle, l’autre guerre ». Il participe régulièrement à des émissions sur France Culture comme « La fabrique de l’histoire » et est lecteur pour des événements scéniques au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris (MAHJ).

De surcroît, il a mis tranquillement, au fil de ses billets, sur une de ses pages Facebook, une méthode pour apprendre du vocabulaire en hébreu par des jeux de mots en français.

Et ce qui commença comme une distraction, voire un hobby  finit… par une méthode séduisante pour apprivoiser la langue hébraïque. Original comme vous le verrez dans les exemples ci-dessous suivis des réponses de Daniel Kenigsberg à nos questions.

Il y en a pour tous les goûts et sur de nombreux thèmes : La vie de famille, La vie autour de la machine à café, la vie du jardin, etc. Vous sourirez plus d’une fois en lisant ces jeux de mots franco-hébraïques et retiendrez aisément les termes qu’ils nous enseignent. En tout cas, une bonne idée de cadeau pour la fête de Hanouca ou à d’autres occasions, pour soi comme pour les autres.

 

Comment vous est venue l’idée de cette méthode humoristique pour s’initier à l’hébreu ?
Je suis comédien. Depuis toujours, le goût de la langue, le jeu des mots, l’humour comme forme de commentaire pour dire ma perception du monde, me constituent. Dans mon métier, la mémoire est un souci permanent. La mémorisation du texte est une tâche quotidienne à laquelle je m’affronte, calmement, avec méthode. Mais il n’y a pas de méthode unique. Alors, on furète, on farfouille, à l’affût de tous les pansements et pense-bêtes mnésiques ou mnémotechniques. Il y a quelques années, je me suis passionné pour « l’art de la mémoire » et son enseignement qui nous vient de l’Antiquité. Je m’en suis inspiré : je propose des phrases en français dont le sens, l’humour, la poésie et les images « agissantes » qu’elles suscitent, associées à la phonétique d’un mot hébreu, permettront de le mémoriser. « Tafrit » n’est pas une méthode d’apprentissage de la langue, il contribue à apprendre du vocabulaire, à faire sourire ou émouvoir.

Vous-même, êtes-vous hébraïsant?
Un tout petit hébraïsant, mais qui fait de l’hébreu tous les jours. Mes mots de « Tafrit » proviennent toujours d’une rencontre, soit avec un mot dans un article de journal, soit avec un mot dans un sous-titre de film. Je le rencontre, nous faisons connaissance et parfois nous nous possédons. Ce n’est jamais systématique ni volontaire. Comme un mot d’esprit qui affleure et se donne.

Vous avez commencé à publier ses propositions langagières sur une page Facebook ?
Oui, j’ai créé cette page et ce groupe en 2012 : « Pour les petits malins qui ont des difficultés à mémoriser du vocabulaire d’hébreu[ref]https://www.facebook.com/groups/Zikaronot/[/ref]». Groupe participatif où chacun peut publier ses propositions langagières, et qui dispose aujourd’hui d’archives assez conséquentes. Le principe est d’apprendre en apprenant aux autres avec le plus grand sérieux et sans se prendre au sérieux. Les membres du groupe sont un peu comme des piliers de bar, content de se retrouver, où il ne manquerait que Pierre Dac[ref]Pierre Dac (1893-1975)  célèbre humoriste français, comédien ancien résistant durant la Seconde Guerre mondiale, de son son vrai nom : André Isaac (ndr)[/ref] pour constituer un mynian (quorum de dix personnes nécessaires à la tenue de certaines prières publiques ndr). On m’a souvent suggéré de faire un livre avec mes propositions. Anne Collongues est devenue ma complice, et grâce à elle, nous l’avons fait.

Où peut-on se procurer votre livre « T’as frites au menu »?
En ligne, à cette adresse : http://www.thebookedition.com/fr/t-as-frites-au-menu–p-340736.html
À Paris à la librairie du MAHJ et à celle du Mémorial de la Shoah. À Tel-aviv à la Librairie du Foyer et à la Librairie du Bauhaus Center. À Jérusalem à la Librairie Vice Versa.
Directement par moi en m’écrivant : d.kenigsberg@hotmail.fr
Et au Canada avec plaisir… je vous en mets combien ?

T’as frites au menu ?

« T’as frites au menu ?
menu = tafrit = טירפת »

Daniel Kenigsberg

 

Oum la la ! Comme elle est malheureuse !
malheureuse = oumlala = אומללה

Léa ! Cesse d’hésiter !
Hésiter = lehassès = להסס

Elle me dit « Je vais faire simple » et elle se déshabilla.
Simple = pachout = פשוט
Se simplifier, se déshabiller = lehitpashet = להתפשט

Il voulait maigrir. Il commença par le plus facile,
il rasa sa barbe qui pesait son poids.
Maigrit = rasa = רזה
Maigrir = lirzot = לירזות

Il refusait ses rêves.
Refusait = sèrev = סרב
Refuser = lesarev = לסרב

Ce rouge à lèvres me fait gonfler les lèvres !
Un oedème ?
Rouge à lèvres = odem = אודם

Pour l’aider dans l’escalade, ti pousses ses fesses.
Escalade = tipouss = טיפוס

Au tennis, quand la balle est out,
on dit faute, en fait on devrait dire erreur.
Erreur = ta’out = טעות