Éditorial : Pessah 2016

Sonia Sarah Lipsyc

Sonia Sarah Lipsyc

Nous avons essayé pour cette année 5776 de vous présenter l’identité sépharade sous plusieurs aspects. Le présent numéro « Être sépharade dans le monde » est le troisième volet après les deux précédents, « Être sépharade en Israël » et « Être sépharade à Montréal ». La conclusion ne peut être que provisoire pour une identité riche et vivante qui se déclinera sous d’autres formes dans les prochains numéros.

Nous sommes fiers de présenter dans ce numéro, des auteurs, qui, en grande majorité n’avaient encore jamais signé d’articles ou répondu à des entretiens pour le LVS. Ils ou elles côtoient des plumes que vous connaissez déjà et que nous sommes toujours heureux de retrouver.

Nous avons choisi d’ouvrir ce dossier par des itinéraires de Juifs/ves sépharades. La jeune Noémie Benchimol qui parle de sa filiation avec sa grand-mère et de son héritage de femme juive tunisienne à l’esprit libre dans lequel elle se reconnaît. L’auteure reconnue et la cinéaste
Chochana Boukhobza nous fait l’amitié de signer un texte où, à l’appui de son dernier film, elle s’interroge sur son lien à la Shoah en tant que Sépharade. De sa plume truculente, Maurice Chalom mène l’enquête sur l’origine du mot Séfarad aux orthographes diverses y compris dans ce numéro. « Quand j’étais enfant à Casablanca, je ne savais pas que j’étais Sépharade, je croyais être Juif » ainsi commence le texte de Serge Ouaknine, qui nous narre avec talent au travers de son parcours artistique et géographique la quête d’une identité toujours en évolution.

Nous avons repris une interview d’Éliette Abecassis* sur la situation actuelle souvent préoccupante des Juifs de France. Le rabbin Yamin Levy, dans son article sur les Juifs sépharades en Amérique du Nord nous propose, non seulement un historique, mais aussi un portrait des valeurs juives sépharades qui demandent à être défendues et développées dans le monde d’aujourd’hui. Elias Levy nous parle de ce revirement de l’histoire auquel nous assistons depuis quelques décades et qui se traduit notamment par le fait que les Juifs expulsés d’Espagne, il y a six siècles, peuvent maintenant demander à nouveau leur nationalité espagnole. Son second texte passionnant relate le thriller mystico-historique de l’auteur portugais José Rodrigues Dos Santos qui, dans son dernier ouvrage avance l’hypothèse d’un
Christophe Colomb juif sépharade… Pour l’Amérique du Sud, le rabbin Arye Cofman nous présente la communauté singulière du Mexique. Et Guillermo Glujovsky rend hommage au Rabbin M.T Meyer, un homme remarquable qui fut aux côtés des Juifs argentins durant les années de dictature qui les touchèrent aussi durement.

Deux articles, celui de Judith Cohen* que nous avons conservé en anglais et celui de Serge Ankry*, incarnent la rubrique artistique. Le premier relate la découverte de la musique judéo-espagnole par une Juive ashkénaze, musicienne et musicologue. Le second article nous offre un panorama du cinéma israélien sépharade des années quatre vingt à nos jours.

Enfin, les derniers textes illustrent l’évolution de la pensée juive sépharade au travers des itinéraires de Michael Sebban, auteur à succès qui traduit maintenant en français le texte du Zohar, ce monument de la pensée kabbaliste et de Georges-Elia Sarfati,novateur dans sa manière de conjuguer l’étude et l’éthique juives ainsi que la pratique psychologique. La journaliste Esther Brenfedj* met en valeur les idées maîtresses de l’ouvrage le plus récent de ce penseur sépharade majeur qu’est Shmuel Trigano et qui s’exprime sur ce retour historique des Juifs à la terre et l’État d’Israël. Le rabbin Marc D.Angel, ancien Président du RCA (Rabbinical Council fo America) plaide pour une orthdoxie moderne sépharade qui aurait tant à apporter au judaïsme en général grâce à ses valeurs d’ouverture et son respect de la diversité. Et le rabbin Mordechay Chriqui répond à nos questions au sujet du kabbaliste Ramhal (18e siècle) dont la traduction des œuvres en français a été amorcée à Montréal avant de se poursuivre à Jérusalem. Ces deux villes chères à notre cœur.

Nous avons souhaité au travers de ces trois dossiers thématiques vous faire re(découvrir) la diversité du monde sépharade et son empreinte dans le monde. Son legs est parfois injustement méconnu tout autant que son renouvellement. Nous aurons réussi dans notre tâche si l’écho de cette richesse s’est retrouvée dans ces numéros.

Voilà, chers lecteurs/trices de quoi nourrir vos reflexions pour cette fête de Pessah que je vous souhaite belle et enrichissante.

Sonia Sarah Lipsyc

P.S. *Vous retrouverez les textes des auteurs marqués par une astérisque dans la version numérique de notre magazine est disponible au lvsmagazine.com.

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Dr Sonia Sarah Lipsyc

Sonia Sarah Lipsyc est directrice de ALEPH,le Centre d’Études Juives Contemporaines de la Communauté Sépharade Unifiée du Québec (CSUQ), depuis sa création en 2009. Docteur en Sociologie, Sonia Sarah Lipsyc est également auteure, chercheure, enseignante et dramaturge. Elle est chercheure associé à l'Institut d'Études Juives Canadienne de l'Université Concordia (Montréal). Elle a créée, en 2012, une unité de Recherches au sein de ALEPH sur «Judaïsmes et Questions de Société» ainsi qu'un site de ressources sur ces thématiques (http://judaismes.canalblog.com). Elle a notamment écrit "Salomon Mikhoëls ou le testament d'un acteur juif" (2002) et dirigé la publication de Femmes et judaïsme aujourd’hui, In Press (2008). «Eve des limbes revenue ou l'interview exclusive de la première femme (ou presque) de l'humanité» a été mise en ondes sur France Culture (2011) et mise en espace en anglais à l'Université de Brandeis (Boston) en 2012. Sa dernière mise en scène, «Sauver un être, sauver une monde» a été représentée devant des centaines d'élèves du secondaire à Montréal. Elle a participé à plus de cinquante émissions de télévision sur le judaisme (France 2, Chaine Histoire). En 2011, elle a reçu le Prix d’excellence enéducation juive de la Fondation Samuel et Brenda Gewurz de la BJEC (Bronfman Jewish Education Center).