Cacher, halal, hostie et cie : l’alimentation dans les grandes religions

Sébastien Doane, Sonia Sarah Lipsyc et Michael Nafi. Photo : Radio-Canada/Stéphanie Dufresne

Sébastien Doane, Sonia Sarah Lipsyc et Michael Nafi. Photo : Radio-Canada/Stéphanie Dufresne

Entre l’agneau pascal qui suit le carême, le pain azyme de la Pessa’h et les aliments halal nouvellement certifiés au Canada, les religions ont encore une grande influence sur comment nous nous nourrissons. Dégustation de la parole divine (et de quelques sucreries) avec le bibliste Sébastien Doane, la sociologue et dramaturge juive Sonia Sarah Lipsyc et le chercheur en philosophie musulmane Michael Nafi.

 

Le christianisme, une religion « gloutonne »

Le carême est associé au jeûne et à la privation, explique Sébastien Doane, mais le christianisme est en fait une religion qui célèbre la bonne chère et le bon vin. « Dans l’Évangile de Mathieu, chapitre 11, verset 19, on traite Jésus de glouton et d’ivrogne, note-t-il. On se souvient de Jésus buvant du vin. Le vin était utilisé à l’époque pour marquer l’alliance avec Dieu. »

Même chose pour l’hostie, symbolisant le pain brisé qui évoque la communion avec le corps brisé du Christ. « En partageant le pain, le Christ peut encore être présent parmi nous. »

Le judaïsme, les aliments pour raconter l’histoire
Alors que la Pessa’h, ou Pâque juive, bat son plein, Sonia Sarah Lipsyc explique que les traditions culinaires associées à cette fête servent à se remémorer l’histoire. La Pessa’h célèbre en effet la sortie des Juifs de l’esclavage d’Égypte, sortie qui s’est faite très rapidement, en une seule nuit. Les Juifs n’ont donc pas eu le temps de faire lever le pain, d’où la tradition d’y manger du pain azyme, sans levain.

On y mange également des herbes amères pour rappeler les 250 ans d’esclavage, et un mélange de noix et de pommes pour évoquer l’Argyle, et par extension la participation du peuple juif à la construction des pyramides. Les enfants posent des questions, auxquelles répond l’officiant par la haggada, le récit de l’Exode.

L’islam, des commandements très simples

Contrairement au judaïsme, qui compte une longue liste de restrictions alimentaires, les consignes coraniques en la matière sont très peu nombreuses, explique Michael Nafi. Il est interdit de manger une bête que l’on trouve déjà morte, le sang et le porc. Quant à l’alcool, l’interdit est simplement de ne venir en état d’ébriété à la prière.

« Certains ont une spiritualité plus stricte », nuance-t-il, faisant référence notamment au ramadan et à l’interdiction de boire de l’alcool, mais ces obligations ne sont pas inscrites dans le Coran.

Sur l’abattage halal, ajoute-t-il, « la controverse est récente, et elle est d’abord politique, parce que l’islam est sous les loupes ».

Michael Nafi est docteur en philosophie, professeur de philosophie au Cegep John Abbott et chercheur en philosophie musulmane.
Sonia Sarah Lipsyc est directrice d’ALEPH (Centre d’études juives contemporaines de la Communauté sépharade unifiée du Québec), docteure en sociologie, auteure, chercheuse, enseignante et dramaturge.
Sébastien Doane est bibliste, doctorant à l’Université Laval et auteur de livres sur l’interprétation de la Bible.

Pour écouter l’émission cliquez ici

Le jeudi 7 avril 2016, « Paroles divines », séquence mensuelle dans l’émission « Plus on est de fous, plus on lit » animée par Marie-Louise Arsenault sur Radio-Canada.